LES ENJEUX DU TOURISME DANS LA VALORISATION ET LA PRÉSERVATION DU PATRIMOINE

INTRODUCTION 

« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir » – UNESCO, 2008.

Le patrimoine culturel est mis en avant par différents facteurs tels que le tourisme culturel. Cette mise en avant se fait à différents niveaux : régional, national ou international. Le tourisme culturel est un vecteur fort de la promotion culturelle. Toutefois, cette pratique doit prendre en compte les enjeux culturels, sociaux et environnementaux liés à son existence afin de pouvoir perdurer.

PARTIE I : Le tourisme culturel

L’Organisation Mondiale du Tourisme définit le tourisme culturel comme le tourisme centré sur les attractions et produits culturels. Il s’agit de l’un des secteurs de l’industrie touristique connaissant la croissance la plus rapide, représentant, selon les estimations, 40 % de l’ensemble du tourisme mondial. Il concerne, notamment, les sites patrimoniaux et religieux, l’artisanat, la gastronomie, etc. Cette pratique représentant 8 à 20 % des parts du marché touristique est utilisée mondialement, afin de mettre à profit la richesse du patrimoine matériel ou immatériel d’un pays. Le but étant notamment de stimuler la croissance économique et le développement durable. Le tourisme culturel contribue à la création d’emplois, à la régénération des zones rurales et urbaines, mais aussi à la sauvegarde du patrimoine naturel et culturel, comme nous pourrons le voir ensuite. 

L’Economist Intelligence Unit (entreprise britannique de l’Economist Group) indique qu’il existerait trois principaux types de touristes culturels : 

  • Les touristes qui seraient motivés par la culture (5 à 10 % des touristes culturels) : le principal but du voyage sera alors le tourisme d’éducation ou d’apprentissage ; 
  • Les touristes qui seraient inspirés par la culture (15 % des touristes culturels), ces derniers portent un intérêt aux destinations culturelles connues et réputées et sont peu motivés à revenir au même endroit ;
  • Les touristes qui seraient intéressés par la culture (5 à 10 % des touristes culturels), ils visitent des sites culturels ou historiques durant des voyages ou vacances non-culturelles.

En France, le tourisme sera pris en compte notamment le 16 décembre 2016 au Centre Pompidou lors des premières « rencontres du tourisme culturel » organisées par le ministère de la Culture et de la Communication. Le but était de conforter le lien entre tourisme et culture, de faire en sorte que la culture redevienne un enjeu touristique et inversement. Ces « rencontres du tourisme culturel » démontrent également l’importance de l’encadrement exercé par le ministère de la Culture des activités touristiques.

Comme nous avons pu le voir, le tourisme culturel englobe un large éventail d’éléments allant de la découverte du patrimoine matériel à la découverte du patrimoine immatériel. Cette forme de tourisme est considérée comme du tourisme durable, contribuant à la préservation et à la valorisation du patrimoine culturel, ainsi que des monuments historiques du territoire. Elle permet, en outre, de financer la protection et la restauration de ces derniers. En ce sens, le tourisme culturel se situe entre protection et utilisation du patrimoine (matériel ou immatériel), génération de revenus et attractivité du territoire. 

Suite aux différents confinements engendrés par la pandémie de Covid-19, l’un des objectifs a été de relancer le tourisme culturel qui avait alors été freiné. Avant la propagation de la pandémie, le tourisme mondial connaissait une forte progression depuis plusieurs décennies, le tourisme était devenu un secteur-clé du commerce international. Le secteur culturel dans son ensemble est fortement dépendant de l’industrie du tourisme. Ainsi, le tourisme culturel est une priorité de premier plan pour la majorité des pays du monde. Il figure dans la politique touristique de 90 % des pays, selon une enquête mondiale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) réalisée en 2016. Si le tourisme culturel s’inscrit en priorité dans les politiques économiques, ses retombées concernent différents aspects du développement économique, social et environnemental. De fait, le développement de ce secteur, sa promotion, mais également sa protection ont des répercussions à différents niveaux. 

PARTIE II : Les enjeux du tourisme culturel

Il est important d’avoir conscience des différents enjeux et impacts du tourisme, qu’ils soient positifs ou négatifs. Lorsqu’il est constaté que l’attractivité touristique d’une région, d’un pays s’accroit, le risque de la modification des valeurs ou des traditions présentes dans la région, augmente. C’est-à-dire que plutôt que de vouloir préserver ces traditions et valeurs, l’augmentation de la demande touristique de masse risque d’entraîner une modification des habitudes afin de pouvoir y répondre. Prenons deux exemples : la marchandisation de la culture et la perte ou la mise en scène de l’authenticité. 

Concernant la marchandisation de la culture, il est possible que le tourisme transforme les cultures locales en marchandises. Cela se constate lorsque les rites ethniques traditionnels, ou religieux sont modifiés dans le but de se conformer aux attentes des touristes. Le problème survenant est la transformation des échanges non marchands tels que la culture ou la santé en marchandises classiques. Le touriste recherche « l’authenticité » et pour pouvoir répondre à cette demande, les hôtes vont être amenés à proposer des expériences culturelles ou à les mettre en scène. Par exemple au travers de ce qui est appelé « l’art de l’aéroport », renvoyant à des répliques en plastiques d’éléments culturels, n’étant pas fabriqués par des locaux. De faux rituels sont également produits pour les touristes, constituant une authenticité mise en scène. 

Il faut souligner aussi, les différents impacts positifs dus au tourisme culturel qui joue un rôle important dans le développement social ou encore dans le développement de l’aspect éducatif du tourisme. Ces avantages notables peuvent aussi bien être environnementaux que sociaux. Par exemple, la préservation et l’amélioration de l’environnement, le développement des installations et services ou encore la réévaluation des cultures et traditions.

Le tourisme aide également à la préservation des parcs nationaux et des bâtiments. En effet, les infrastructures touristiques sont rénovées et entretenues, les systèmes de communication sont améliorés et la législation sur l’interdiction de bâtir se développe afin de protéger les zones naturelles, au regard de l’article L. 151-9 du Code de l’Urbanisme. 

D’un point de vue environnemental, le tourisme culturel contribue à la conservation des sites culturels et naturels du territoire en participant activement à leur entretien et à leur réhabilitation. Il peut également sensibiliser les visiteurs à l’importance de la protection de l’environnement et les inciter à adopter des comportements responsables lors de leurs voyages.

En parallèle de la notion de perte ou de mise en scène de l’authenticité, nous pouvons prendre en considération le fait que le tourisme culturel peut favoriser l’appréciation du patrimoine local et son appropriation par les communautés, suscitant ainsi un intérêt et des investissements accrus en faveur de sa sauvegarde. 

Le tourisme culturel est également un pilier de l’emploi à l’échelle mondiale. Le tourisme culturel irrigue l’ensemble de l’écosystème culturel, stimulant l’emploi autour des sites culturels, naturels et des musées, notamment au travers des activités de restauration et de maintenance, mais aussi dans les différents domaines de la culture. 

Au-delà de l’emploi culturel, le tourisme culturel nourrit l’emploi dans d’autres domaines des économies locales, nationales et mondiales, du fait de l’interaction entre le secteur du tourisme culturel et de nombreuses filières économiques. Les acteurs culturels doivent prendre des mesures pour être à la hauteur des enjeux. 

PARTIE III : La nécessaire évolution du tourisme

Récemment, un autre type de tourisme se développe et est lié au tourisme culturel, il s’agit du « tourisme créatif ». Ce dernier recouvre les pratiques artistiques et culturelles des touristes et implique leur participation active dans des expériences culturelles. La prise de conscience de la nécessité du développement d’un tourisme plus écologique, en accord avec les traditions et plus responsable, entre en adéquation avec le tourisme créatif. 

Création en 2004 du programme « réseau des villes créatives » par l’UNESCO, ayant pour objectif la mise en valeur des villes qui, dans le monde entier, mettent la créativité en avant dans leur développement urbain durable. Pour l’UNESCO : « Le « Tourisme créatif » implique plus d’interactions, un tourisme où le visiteur a une interaction éducative, émotionnelle, sociale et participative avec le lieu, sa culture vivante, et les personnes qui y vivent. Les touristes s’y sentent comme des citoyens. ».

Les musées essaient également de s’adapter à ce type de tourisme et de faire évoluer leur offre. Par exemple, pour Jean-Luc Martinez (directeur général du musée du Louvre de l’époque) l’enjeu n’était plus d’augmenter le nombre de visiteurs, mais de « savoir comment les accueillir et les aider à tirer un maximum d’enseignements de leur visite ».

L’enjeu de la promotion du tourisme culturel en France ne concerne pas seulement la capitale, mais l’ensemble du territoire. Il s’agirait alors de mettre en avant les actions mises en place par les régions, les grandes agglomérations ainsi que par les collectivités locales. Cette offre culturelle permet de prendre en considération toutes les dimensions du champ de la culture. 

Un changement de priorité a également été opéré suite à la pandémie. Certains pays tels que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande ont réussi, malgré la fermeture de leurs frontières face à l’essor de la pandémie, à prioriser le tourisme national. Cette diversification des modèles du tourisme culturel et la prise en compte du secteur sont des considérations importantes notamment dans les stratégies de planifications économiques et régionales. 

Enfin, le changement climatique a un impact majeur sur les sites patrimoniaux, exacerbant leur vulnérabilité aux risques de différentes natures, parmi lesquels celui du tourisme incontrôlé. La pratique du tourisme responsable ou encore de l’éco-tourisme s’est accrue. Les touristes sont de plus en plus vigilants, concernant leur empreinte carbone, la maîtrise de leur consommation d’énergie et le fait de privilégier l’utilisation de ressources renouvelables. 

L’Engagement de l’UNESCO en faveur du tourisme durable met l’accent sur sa promotion et sur la conservation du patrimoine. Il a pu être constaté que cette initiative de tourisme durable a pris de l’ampleur notamment suite à la crise de COVID-19. Suite à cela, il a pu être constaté qu’un marché nouveau, plus conscient des enjeux environnementaux et culturels, émergeait.

CONCLUSION

Pour conclure, les conséquences positives du tourisme ne peuvent survenir que lorsque le tourisme est pratiqué et développé de manière durable et appropriée. Malgré son potentiel indéniable comme levier de transformation économique et sociale, le tourisme culturel soulève un certain nombre de défis, notamment celui de trouver un équilibre entre bénéfices économiques et intégrité culturelle, tel que nous l’indique l’Unesco dans son article À l’horizon – Remettre le tourisme culturel sur les rails.

Pour aller plus loin : https://www.unesco.org/fr/articles/lhorizon-remettre-le-tourisme-culturel-sur-les-rails?TSPD_101_R0=080713870fab2000785b850db407a210032afca2b22e14f84279efc3d4ac64ab6467a772d12f95db08eadd46761430007de0f3807b699d66ba405e8d3d315af2a45110871402d5359108a03e85875a817b7d6a38f887bb58a74630905d64cc96À l’horizon | Remettre le tourisme culturel sur les rails, Unesco. Concernant l’impact de la pandémie sur le tourisme culturel.

https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284418978Tourism and Culture Synergies, UNWTO – Publications.

Cassandre POL, M2 Droit du Patrimoine et des Activités Culturelles.

Sources  : 

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